Après avoir
traversé deux fleuves avec deux ferries tout neuf, après
avoir vu sur le bord des routes des cases avec des cheminées
(ce que je n'avais vu nulle part ailleurs en Afrique),
après avoir vu des chasseurs bissau-guinéens avec des
arcs et des flèches comme au bon vieux de temps de Shaka
Zoulou, je commençais à apprécier ce pays dont je n'avais
rien vu. J'approchais enfin de Bissau.
Je m'attendais à découvrir une capitale grouillante,
sale, pauvrissime et malodorante, et je découvris le
contraire une ville désertée, d'une propreté irréprochable,
avec des effluves de fleurs à tous les endroits de la
ville et une population pauvre mais prospère.
Ma première impression à Bissau fût la désolation :
le centre-ville était en fait dans un état parfait mais
il semblait vide de tout habitant. Des maisons coloniales
aux couleurs pastelles le faisait ressembler à un faubourg
de Lisbonne. Des rues rectilignes et propres, des jardins
et des trottoirs fleuris, boisé m'auraient rappelés
une vieille Europe si ce n'était qu'à quelques centaines
de mètres de ce centre ville une forêt dense s'étendait
sur des centaines de kilomètres n'abritant que de rares
villages. |

La Banque Centrale de Guiné-Bissau, avenue Amilcar Cabral,
en face de la Pensão Centrale
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O ministerio da Justicia
Avenida Amilcar Cabral,
en face de la Banque Centrale
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La Praça Che Guevara vue du restaurant Baïana. Derrière
le Casino-Night-Club.
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Egalement sur la place Che Guévara, le Centre Culturel
Français pour le moment fermé et encore condamné.
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Hébergement à Bissau
Restauration - loisirs
Bissau pratique
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Je devais
me rendre chez "l'ami d'un ami" qui devait
m'héberger à Bissau : Tidjane Sané, un Diola originaire
de Bignona qui gérait la boulangerie du quartier Karakole
(près du marché Bandim): la Padaria Karakole. Ce fût
assez facile de trouver cet endroit malgré le peu d'indication
que j'avais. Une fois sur place et installé j'ai pu
commencé à découvrir ce petit morceau de monde, mélange
d'Afrique, de Portugal et de Brésil.
Dès
le lendemain de mon arrivée je commençais à arpenter
les rues de Bissau, seul, à pied, sans plan. Ma première
surprise fût de ne pas être harassé par les vendeurs
en tous genres. Habitué aux marches fatigantes au Sénégal
avec toujours un baol-baol accroché aux baskets pour
vendre, extorquer ou escroquer quelque chose, je fût
vraiment stupéfait. La froideur des Bissau-guinéens
me parut également un peu inquiétante tant j'étais habitué
aux longues discussions sénégalaises. Une fois arrivé
en "centre-ville" devant le Palais Présidentiel
digne d'un grand manoir européen, un ministère de l'Intérieur
avec un toi digne d'un chapeau de la fée Carabosse,
une Banque Centrale superbe mais de la taille d'une
école primaire, il était clair que Bissau n'était qu'un
grand village. Sur l'avenue principale du pays, l'Avenida
Amilcar Cabral du nom du leader Cap Verdien de l'Indépendance
de la Guiné-Bissau et du Cap-Vert, à peine quelques
commerces épars, aucune voitures et presqu'aucun piéton.
Garés dans les rues, quelques Pajero criblés de rafales
de balles de mitrailleuses : rappellent que de nombreux
combattants réfugiés de Sierra-Léone, de Casamance et
du Liberia se sont installés ici. Le goudron rose des
rues du centre ville, les couleurs pastels des maisons,
les arbres et arbustes multicolores font de Bissau un
mélange de couleurs unique dans cette région de l'Afrique.
Quelques petits restaurants permettent aux plus aisés
de Bissau de se restaurer et aux quelques rares touristes
de découvrir la bière et les spécialités bissau-guinéennes
et libanaises.
Je
suis, au fil de mes voyages, devenu un habitué du Baïana
et du Briso do Mare. Le premier le midi et le
Briso do Mare le soir. Situé sur le port ce dernier
devient un endroit hyper agréable lorsque soir tombe
sur les rues sombres d'une ville sans éclairage public.
A la bonne époque du pesos, deux bonnes bières pression
locales et un demi-poulet accompagné de légumes dépassaient
rarement les 1500 CFA (15FF/3$). Toujours un peu de
musique une terrasse couverte dans une ambiance tropicale
finissent de donner un charme à cet endroit vraiment
calme. Une "petite fille aux allumettes",
Anzelica, une gamine de 12 ans vend des cacahuètes grillées
au Briso du Mare. La voir attendre pendant des
heures devant le bar-restaurant pour gagner à la fin
de la journée quelques centimes à ramener à sa maman
habitant le quartier de Santa Luzia me donne l'envie
de l'aider d'une manière ou d'une autre. Lui donner
de l'argent à chacune de mes visites pour lui permettre
d'aller à l'école ou des faire plaisir à ses frères
et sœurs est malheureusement la seule chose que je puisse
faire pour elle. Não fallo Papel ! Je ne parle
pas le Papel ! |