|  Photo ci-dessus : la pomme de cajou et sa noix, fruit 
                          de l'anacardier est la richesse agricole nationale (Photo Christian COSTEAUX)
  L'agriculture 
                          représente en Guinée-Bissau 62% du PNB, 82% des 
                          emplois,  et près de 100% des exportations. La 
                          principale culture (et le principal aliment) est le 
                          riz. Mais le climat humide permet de cultiver beaucoup 
                          de fruits et légumes : maïs, arachide, manioc, noix 
                          de cajou, noix palmistes, coton, mangues, oranges, papayes, 
                          ananas, etc....La pêche est encore un potentiel mal 
                          exploité par les artisans locaux et laissé en 
                          concession à des pays étrangers.
 Dans l'ensemble, les zones rurales 
                          sont autosuffisantes au niveau vivrier. Seules les régions 
                          les plus orientales peuvent connaître occasionnellement 
                          des périodes de soudure* difficiles 
                          puisqu'elles sont situées en zone sahéliennes 
                          et subissent parfois des hivernages peu pluvieux. Plusieurs 
                          autres facteurs peuvent hypothèquer les chances 
                          d'une bonne récolte : des chaleurs excessives, 
                          une sécheresse pluri-annuelle ou des migrations 
                          de criquets.Mais des problèmes beaucoup plus chroniques et 
                          dont la cause est l'homme montrent une mauvaise gestion 
                          de l'agriculture : les brûlis à répétition 
                          qui mettent le feu à la brousse et érodent 
                          les sols, une déforestation inquiétante 
                          et la surexploitation des terres rendent l'avenir du 
                          monde paysan bien sombre.
 
                           
                            | * soudure : en Afrique sahélienne, 
                              on appelle "soudure" la période 
                              entre le début de la saison des pluies (qui 
                              coincide avec le début des travaux agricoles) 
                              et le début des premières récoltes. 
                              Durant ce laps de temps qui peut durer de quelques 
                              semaines à deux ou trois mois, le monde agricole 
                              doit vivre sur les réserves restantes de 
                              la récolte de l'année précédente. 
                              Lorsque les récoltes de l'année précédente 
                              ont été mauvaises et que les récoltes 
                              de l'année en cours tardent à venir, 
                              un grave "déficit alimentaire" 
                              peut advenir. |  Les terres considérées 
                          comme arables ne couvrent que 8,31% du territoire bissau-guinéen. 
                          Les cultures permanentes constituées principalement 
                          de petits potagers n'occupent quant à elles pas 
                          plus de 7% du pays (chiffres 2005, sources : FAO). Près 
                          de 250km² de terres sont irriguées en Guinée-Bissau.Photo à gauche : 
                          une paysanne et sa récolte quotidienne de bananes 
                          près de Varela
 
 Comme en Casamance, la culture du riz 
                          est une activité traditionnelle qui a su au fil 
                          des siècles s'adapter au terroir. Des techniques 
                          très avancées ont été mises 
                          en place même si l'outil utilisé (le kadiandou) 
                          offre hélas un rendement très moyen. L'ensemble du littoral et les nombreux 
                          estuaires sont occupés par la mangrove et les 
                          rizières. Les zones rizicoles sont mises à 
                          "dessaler" durant les premières pluies 
                          d'hivernage grâce à des systèmes 
                          de canaux d'évacuation et de circulation des 
                          eaux. Une fois que la salinité de 
                          la terre est devenue compatible avec la culture, les 
                          hommes partent en groupe remuer la terre et creuser 
                          de profonds sillons avec une grosse pelle appelée 
                          "kadiandou" chez les Floups. C'est ensuite 
                          au tour des femmes de semer le riz dont les graines 
                          proviennent des greniers de stockage de l'année 
                          précédente. Une fois les premières 
                          pousses de riz hautes d'une dizaine de centimètres, 
                          ce seront encore les femmes qui repartiront dans les 
                          champs pour les replanter d'une manière règulière 
                          afin de favoriser la croissance de la céréale. La production totale de riz montre 
                          une tendance à la baisse ces dernières 
                          années même si 2005 semble avoir été 
                          une année faste. Le fort exode rural des jeunes 
                          qui quittent les zones de culture pour émigrer 
                          en ville ainsi que l'instabilité à la 
                          frontière de la Casamance sont deux facteurs 
                          notables qui peuvent expliquer cette baisse. Production 
                          de riz en Guinée-Bissau de 2000 à 2005 
                          exprimée en tonnes (sources FAO)  
                           
                            | 
                                 
                                  |  | 2000 | 2001 
                                     | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 |   
                                  | production de riz (en tonnes) | 106 
                                      081 | 85 
                                      056 | 87 865 | 66 424 | 89 192 | 98 340 |  |  
 A l'inverse du riz, cultivé 
                          dans les plaines inondées du littoral, les autres 
                          céréales sont principalement cultivées 
                          à l'Est du pays par les populations mandingues 
                          et peulhs. Les zones de culture du sorgho et du maïs 
                          se confondent alors que l'aire de production du mil 
                          se situe au nord de la latitude de Bafatá (le 
                          mil ne peut pousser dans des zones trop arrosées). 
                          La mécanisation de la culture de ces céréales, 
                          comme celle du riz, est nulle. Les paysans n'utilisent 
                          exclusivement que des outils traditionnels de labour 
                          et de moisson parfois aidés par un boeuf et un 
                          cheval. Il en résulte une productivité 
                          assez basse. La production cumulée du mil, du 
                          maïs, du sorgho et du fonio n'atteint pas celle 
                          du riz. L'année 2004 et plus encore l'année 
                          2005 ont été des années exceptionnelles 
                          au niveau de la production de ces céréales 
                          avec de récoltes qui n'avaient plus été 
                          atteintes depuis très longtemps. Une aubaine 
                          pour les paysans qui en 2003 avaient connu une des pires 
                          récoltes des cinquantes dernières années. Le maïs quant à lui est 
                          une production récente en Guinée-Bissau. 
                          Il n'est resté longtemps qu'une céréale 
                          marginale dont on ne cultivait que quelques épis 
                          autour de la concession familiale. On en produisait 
                          à peine 3000 tonnes avant l'Indépendance 
                          et cette valeur n'a globalement fait qu'augmenter depuis 
                          : d'une dizaine de tonnes en 1985, la production est 
                          passée à une quinzaine de tonnes en 1995 
                          et à 40 tonnes en 2005. La farine de maïs 
                          est devenue une composante indispensable de la gastronomie 
                          bissau-guinéenne. En outre, les épis frais 
                          grillés le long des routes ont offert une activité 
                          supplémentaire aux femmes commerçantes. A l'inverse, le fonio, céréale 
                          traditionnelle de cette partie de l'Afrique, est peu 
                          à peu abandonné. On en cultivait plus 
                          de 10.000 tonnes par an avant l'Indépendance. 
                          En 1985, à peine 5000 tonnes et en 1995 seules 
                          2500 tonnes de fonio sortaient de terre. Avec une production 
                          de 698 tonnes en 2003 et 2295 tonnes en 2005, on peut 
                          voir dans le fonio une culture devenue marginale. Ceci 
                          s'explique avant tout par l'extrême difficulté 
                          du traitement de cette céréale. En effet, 
                          pour être débarassé de son enveloppe, 
                          le grain de fonio (de très petite taille) doit 
                          être pilé durant des heures (activité 
                          essentiellement féminine). Ce travail très 
                          éprouvant a consacré l'extinction du fonio 
                          dans l'alimentation au profit de céréales 
                          plus pratique. Le mil et le sorgho, céréales 
                          assez similaires, voient leur production évoluer 
                          assez peu excepté durant les années exceptionnelles 
                          quand de bonnes pluies viennent la doper ou une sécheresse 
                          dramatique la réduire. La Guinée-Bissau, 
                          grâce aux aides extérieures ou aux cotisations 
                          villageoises s'équipe de plus en plus de moulins 
                          à mil. C'est sans doute ce qui contribue à 
                          sauver ces céréales à la différence 
                          du fonio qui doit toujours être traité 
                          au mortier. Le mil et le sorgho sont au niveau national 
                          moins consommés que le riz mais la proportion 
                          de leur consommation à l'Est, dans leurs zones 
                          de culture, est beaucoup plus grande.  NB : la Guinée-Bissau 
                          doit importer chaque année une moyenne de 75.000 
                          tonnes de céréales pour satisfaire ses 
                          besoins alimentaires (soit près d'un tiers de 
                          sa consommation). Production 
                          de céréales (hors riz) en Guinée-Bissau 
                          de 2000 à 2005 exprimée en tonnes (sources 
                          FAO)  
                           
                            | 
                                 
                                  | Production (en tonnes) | 2000 | 2001 
                                     | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 |   
                                  | Fonio | 3 938 | 2 851 | 1 520 | 698 | 1 836 | 2 295 |   
                                  | Mil | 21 096 | 28 604 | 24 243 | 22 669 | 31 473 | 47 209 |   
                                  | Sorgho | 21 096 | 15 082 | 14 703 | 10 025 | 15 506 | 23 359 |   
                                  | Maïs | 25 673 | 28 088 | 22 113 | 20 639 | 31 868 | 39 835 |  |  La production de fruits est doublement 
                          importante : elle permet de diversifier toute l'année 
                          l'alimentation des Bissau-Guinéens grâce 
                          à une large variété d'arbres fruitiers. 
                          Elle est également la principale source d'exportation 
                          et de devises étrangères grâce à 
                          la noix de cajou.  La 
                          noix de cajou est la richesse nationale. La Guinée-Bissau 
                          occupe le 6ème rang mondial de ses producteurs. 
                          C'est l'Inde, principal producteur, qui pour pouvoir 
                          contrôler à sa guise les cours de la précieuse 
                          noix achète la quasi-intégralité 
                          de la production nationale. C'est sur l'anacardier que 
                          pousse la pomme de cajou (rouge ou jaune) à l'extérieur 
                          de laquelle se forme la noix. La pomme se consomme comme 
                          tel quel. Elle est très juteuse et très 
                          sucrée bien que sa chair n'ait pas une consistance 
                          très agréable. Elle sert surtout à 
                          fabriquer l'alcool 
                          national : le caju qui promet des nuits d'ivresse 
                          toute l'année dans tout le pays ! La saison de 
                          récolte des noix met le pays en effervescence. 
                          Tous les camions sont réquisitionnés pour 
                          transporter les dizaines de milliers de tonnes de noix 
                          vers Bissau où elles sont embarquées sur 
                          des bateaux à destination de l'Inde. Les balances 
                          du port de Pidjiguiti pèsent chaque véhicule 
                          et c'est l'état, qui négocie lui-même 
                          le prix avec l'importateur, qui paiera la production 
                          aux paysans. Seule une infime partie des noix seront 
                          consommées sur place.
 Photo à droite 
                          : Séchage des noix de cajou pour la consommation 
                          locale  Un 
                          site dédié à la noix de cajou de Guinée-Bissau
 Production 
                          de noix de palmier à huile en Guinée-Bissau 
                          de 2000 à 2005 exprimée en tonnes (sources 
                          FAO)  
                           
                            | 
                                 
                                  | Production (en tonnes) | 2000 | 2001 
                                     | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 |   
                                  | Noix de palmier à huile | 80 000 | 80 000 | 80 000 | 80 000 | 80 000 | 80 000 |  |  Production 
                          de noix de cajou (anacarde) en Guinée-Bissau 
                          de 2000 à 2005 exprimée en tonnes (sources 
                          FAO)  
                           
                            | 
                                 
                                  | Production (en tonnes) | 2000 | 2001 
                                     | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 |   
                                  | Anacardes | 72 
                                      725 | 85 
                                      000 | 81 000 | 81 000 | 81 000 | 81 000 |  |   L'huile 
                          de palme est également une source de devise intéressante. 
                          Elle est principalement consommée sur place comme 
                          accompagnement lipidique de la plupart des plats. Au 
                          Sénégal, c'est une huile de luxe. C'est 
                          donc tout naturellement vers ce pays que la Guinée-Bissau 
                          exporte son surplus. Cette huile rouge assez épaisse 
                          est traitée par l'écrasement, le filtrage 
                          et le raffinage des noix palmistes. Si la cueillette 
                          est une activité masculine, le reste du traitement 
                          est effectué par les femmes qui sont ensuite 
                          chargées de négocier au mieux la vente 
                          de la précieuse huile (un litre se vend au détail 
                          à Dakar à plus de 1500CFA). En plus des très lucratives productions de noix 
                          de cajou et de noix palmistes, la Guinée-Bissau 
                          produit chaque année plus de 18.000 tonnes de 
                          fruits tropicaux. Les manguiers sont omniprésents 
                          dans tout pays. Chaque famille en a au moins un dans 
                          sa concession. C'est aussi le cas des papayers et des 
                          bananiers. Quelques bananeraies d'importance à 
                          travers le pays ont une production industrielle. La 
                          banane plantain, les "oranges" (une espèce 
                          de pamplemousse local) et une foule de fruits sauvages 
                          sont également récoltés dans les 
                          différentes régions bissau-guinéennes.
 
 Photo à gauche : alignement de manguiers 
                          à Quinhamel (photo Christian COSTEAUX)
  65% des apports énégertiques de l'alimentation 
                          des Bissau-Guinéens proviennent des céréales.
 D'autres cultures vivrières 
                          ou de rente offres des revenus aux agriculteurs : Les tubercules ont le vent en poupe : manioc, ignames, 
                          patates douces, etc... ont un succès grandissant 
                          chez les consommateurs et donc chez les paysans. Outre 
                          le fait qu'il ne s'agit pas de cultures saisonnières, 
                          elles ont un rendement calorie/m² très intéressant. 
                          L'arachide est également cultivée dans 
                          le Nord du pays mais dans une quantité trop faible 
                          pour être exportée (20.000 tonnes en 2005). 
                          Elle est destinée à être broyée 
                          pour faire de la pâte d'arachide utilisée 
                          comme sauce riche ou tout simplement à être 
                          grillée sous forme de "cacahuètes". 
                          Le coton, dépourvu de tout système de 
                          commercialisation officiel est lui aussi utilisé 
                          artisanalement pour une petite production familiale 
                          de tissu fait main et d'huile de graine de coton.
   Production 
                          d'arachide, de coton et de tubercules en Guinée-Bissau 
                          de 2000 à 2005 exprimée en tonnes (sources 
                          FAO) 
                           
                            | 
                                 
                                  | Production (en tonnes) | 2000 | 2001 
                                     | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 |   
                                  | Tubercules (manioc, igname, etc...) | 65 000 | 65 000 | 65 000 | 68 000 | 68 000 | 68 000 |   
                                  | Arachide | 19 000 | 19 000 | 19 000 | 20 000 | 20 000 | 20 000 |   
                                  | Coton | 4 000 | 4 500 | 4 500 | 4 500 | 4 500 | 4 500 |  |   L'élevage 
                          est quant à lui très peu développé. 
                          Si les Peulhs, et plus généralement les 
                          populations musulmanes, possèdent quelques beaux 
                          troupeaux de moutons, la plupart des animaux appartiennent 
                          aux familles qui n'en élèvent rarement 
                          plus d'une dizaine. La plus grande densité d'animaux 
                          d'élevage se trouve donc à l'Est, sur 
                          le terroir peulh. Les porcs, particulièrement 
                          adaptés au climat du pays et résistants 
                          aux maladies sont eux très appréciés 
                          dans Bissau et sa périphérie. Quelques 
                          poulets et boeufs de race N'dama (petits et trappus) 
                          offrent en outre de quoi célébrer les 
                          fêtes traditionnelles et étapes de la vie 
                          des Bissau-Guinéens.
 Photo à droite 
                          : un porc dans le quartier de Bandim à 
                          Bissau Production de porcs 
                          en Guinée-Bissau de 2000 à 2005 exprimée 
                          en nombre de têtes (sources FAO)  
                           
                            | 
                                 
                                  | Production (en milliers de têtes) | 2000 | 2001 
                                     | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 |   
                                  | Poulets | 1 300 | 1 400 | 1 500 | 1 500 | 1 550 | 1 600 |   
                                  | Boeufs | 512 | 515 | 515 | 520 | 520 | 530 |   
                                  | Moutons + chèvres | 605 | 610 | 610 | 620 | 620 | 635 |   
                                  | Porcs | 345 | 350 | 350 | 360 | 360 | 370 |  |   Dans 
                          la plupart des communautés du pays, la possession 
                          d'un boeuf, ou de plusieurs, est un signe de réussite 
                          et de richesse. Tuer un bovin demeure encore souvent 
                          un évènement festif réalisé 
                          à l'occasion d'un décès, d'un mariage, 
                          d'une initiation, etc...
 L'élevage de poulets est assez 
                          nouveau car jusqu'à présent toutes les 
                          familles en possédaient quelques-uns dans la 
                          cour sans que leur nombre excède une petite dizaine. Comme dans la plupart des pays d'Afrique, 
                          le poulet est petit à petit devenu un aliment 
                          de consommation courante. Sa facilité d'élevage, 
                          de transport et de vaccination (comprimés) au 
                          sein d'une population de plus en plus urbaine a consacré 
                          son succès. Depuis 15 ans, le nombre de poulets 
                          d'élevage ne cesse d'augmenter en Guinée-Bissau.
   
                          Quelques photos d'un projet italien de développement 
                          agricole      Cartes 
                          agricoles de la Guinée-Bissau sur le site de 
                          la FAO     
                              $pagec="agriculture";
						include ("int/participation.php"); ?>
                           |